dimanche 28 octobre 2007

samedi 1 septembre 2007

RÉGATE

Paroxysme de la voile
Se gonflant de plaisir
La vague se creuse
Aux reins du désir


Ardente cavale
Aux longs frissons
Mélopée
Psalmodie


Et ni le bateau ni moi
Ni la mer
Ni le ciel
Mais le centaure
Dans les bleus galopant
Volant à loisir


Quelle coupe avons-nous vidée
Que se diamante la proue
En gerbe double irisée ?


Quels adieux avons-nous jetés
Bouillonnants à la poupe
Que s'étirent les voies lactées ?


Rivages abordés
Désappointants
Mais rivages frôlés
Devinés
Aux récifs colorés
Et d'écumes frangés


Se gonfle la voile
Tendue de plaisir
La vague se creuse
Aux reins du désir


Plages blanches
Ou bien dorées
De sang
Ou bien de jais
Plages ombrées
Cascades aperçues
De fruits
Ou bien de baisers


Mais le mât qui vibrait
Planté
Au ventre du désir ...


Place pour qui
Centaure ?
La mer est un lit
Où mourir de plaisir ...

jeudi 30 août 2007

PETITE HISTOIRE DE L'HUMANITÉ









Les orages se dissipaient


Nous commençions à distinguer la ligne d’horizon
Grand cercle bleu au bout des sables


Un chameau arriva
Il se mit à genoux
Nous lui avons mis le bât
Pour le charger de sel


Vint un cheval
Il se cabra et puis hennit longuement
Sa robe était luisante
Sa bouche écumait un peu
Nous l’avons asservi


Nous lui avons mis le mors et la selle
Nous lui avons fait sentir nos éperons
Alors ont commencé les carnages
razzias
Enlèvements dans les sérails
conquêtes


Folles aventures










Notre chant s’éleva
Ce fut un chant de guerre
Nous faisions taire les complaintes
Nous avons étouffé les psaumes


Notre chant de victoire
Notre chant n’avait pas de fin
Au fil des saisons il enfla
enfla


Puis nous avons inventé la roue
Nous avons inventé la voile




Plus loin
Nous allions toujours plus loin
Négociant
Pour aller chercher les fruits
Toujours plus loin pour quérir les gemmes


Et les métaux précieux


Nous avons eu des esclaves par milliers
Venant de tous les continents
Mâles et femelles
De toutes les couleurs
Creusant le sol
Portant nos charges










Nous fîmes plus grands carnages encore
Et notre chant enfla plus fort


Perfectionnant nos techniques
Nous inventâmes le moteur


Nous allions chercher les matériaux
Que nos machines broyaient


De hautes cheminées vomissaient
Dents d’acier
Engrenages implacables


Navires monstrueux
Avions gros porteurs


Nous avons domestiqué les énergies vives
Et les énergies fossiles
Nous avons mêlé le ciment et le fer
Nous avons élevé des tours
Nous avons lançé des ponts
Vidé des lacs et des mers












Nos guerres furent plus grandes et plus cruelles
Ce n’étaient plus des hommes
Qui tombaient par millions
Qui parlait d’hommes encore ?
Bientôt ils ne tombèrent même plus


Ils se désintégraient sous un grand coup de vent


Quelques uns seulement laissaient leur ombre sur le roc
Quand il restait un roc




Chantez chantez
Chant de marche
chant de gloire
de victoire
Nous étions debout partout
Sur les monts
Dans les vallées
Sur les océans
Au fond des abysses
Voyageant dans les airs
Au coeur de la terre
Et dans les espaces sidéraux




Puis les brouillards revinrent
Sulfureux
Suffocants
Les fleuves cessèrent de couler
Les neiges avaient fondu


Que deviendra le chant des hommes
Tambours clairons
Cristallophones
Musiques électroniques












O Sartre !
Pablo Picasso !


S’il n’y a plus d’espoir
Que reste-t-il hormis l’ivresse
et le sexe !


Notre présent et notre avenir ...












Le chameau revenu baraque et puis blatère
Encore un moment ...
Il bave


Le cheval est mort depuis longtemps
Avec les oiseaux et les poissons







5.08.07

ILS ÉTAIENT POURTANT DES HOMMES

On les a pris
Les gars
les gars
Les galériens




La main dans l'sac
La corde au cou
Les gars
Les rien-du-tout.

lundi 27 août 2007

L'ARDEUR

Au revers de l'os frontal, si l'on ouvre mon crâne ...
Et ce sera dans neuf cent vingt trois ans peut-être
Ou bien neuf cent vingt quatre ...


Il se pourrait ...
Après tout pourquoi pas ?
Il se pourrait que cela se fït sur le carreau d'une paillasse
Dans un laboratoire laqué de blanc


Gravé au revers du frontal
Dans l'os à nu
Sec et jaune
Luisant un peu ...


Mais peut-être cela sera dans un champ
Au détour d'une haie
Mon crâne éclatant
Brisé sur une dalle par un rognon de silex abattu
D'un seul coup ...


Ou bien l'ergot luisant de quelque excavatrice ...


Au revers du frontal
A distance égale des deux orbites ...
Mais qui s'en étonnera ?


Gravé peut-être par la Dure Mère
A moins que ce ne fût par son fils ...
Je porte au front un sceau de courbes enlacées
Une empreinte maorie


Épigraphe sigillée brûlante plus que marque de manadier
Cause et signe de ma soif


Celui qui viendrait à la distinguer quelque jour
Et disons que de cela les chances sont minimes ...
Saurait-il l'ardeur de ma soif ?



Le 4.4.88 retouché le 22.3.92

ET QUI ME DIRA ?

Qui prendra la pierre
Qu'il me dise ...


J'ai aimé
Autant qu'on peut aimer
Le soleil en bourgeon
Le soleil déployé
Plissé déplissé
Soleil carillon
Éclaté


Pierre veinée
Micacée
Pierre polie
Le piège
Du soleil à midi


Les sables les sons les flots
Et puis un chat
Aux yeux de Méditerranée
De Mer de Chine et de Mer de Corail


Les ronflements du mascaret
Aux bouches du Nil
Reins souples de houle large
Les pizzicati
Des nids de gardénias
Et l'arc en ciel sur les eaux et dans les voiles
Dans les huiles sur la mare
Moirée


Les iris penchés
Prêts à papillonner
Et les cris aigus des martinets
La peau luisante frémissante
Du poulain dans le pré
Libre de fers et de cuirs
Fleurs
Fleurs de feu fleurs de soufre fleurs de cieux
Dans la course de mon rêve au bris des branches
Et flâner
Nager
Dans les paumes du courant
Ah ! Les voix et les chants !
Poignées d'abeilles lancées dans la lumière !


Le sage qu'il me dise ...

À LA SAINT JEAN D'ÉTÉ






Deux hérons tout à l'heure
À la Saint Jean d'été
Deux hérons ont crié
Entends crier mon coeur
À la Saint Jean d'été
Le soleil s'est noyé

Entends la clarinette
La barrique est percée
Écoute la cabrette
Les feux vont s'allumer
À la Saint jean d'été
Les défunts vont se lever

Les transis vont danser
À la Saint Jean d'été
Vivantes avec les morts
Vivants et trépassées
À la Saint Jean d'été
Les innocents devant
Les sages venant après

À la Saint Jean d'été
Toinon fut engrossée
Dansez les assassins
Et les assassinés
À la Saint Jean d'été

Gilberte avec Baptiste
Léon avec Manon
À la Saint Jean d'été
Que claquent les talons
Tout autour du bûcher
À la Saint Jean d'été
Que claquent les talons
Plus lourd sera le blé.

MEMENTO MORI









Je t'ai vue dans la vague
Vague forme de vague
Nue
Se forme et se déforme
Se transforme et se reforme
Vague image vague


Ton image voyage
Aux nuages
J'ai vu des signes dans les lignes
Des vignes d'argent
Et d'argent le goèland qui me suit depuis si longtemps
Montant descendant
Jonathan
Suivant les lignes des vignes vers les vagues


Sage visage vague
Et ce chien sur la plage mort depuis si longtemps
Le goéland d'argent
Vague vague
Bleu visage glauque
Et ce chant
Ce chant de chute de peur d'enfant


J'ai cherché dans les champs
Labourés hersés
Aux lignes des sillons
Aux chants des alouettes dans les chardons de juillet
Bleus et chauds
Dans les signes des champs


J'ai bien cru en perdre la tête
Tête-bèche
J'ai perdu la tête
Bouche sèche
Et la cloche qui pioche ...
Sonne la cloche
Fossoyeur de la fosse des heures
Fossoyeur creusant mon coeur


Parfums dans les champs
La chute de la cloche
Et ce chien sur la plage
Glauque bleue
D'argent le goèland sur les lignes des vignes
J'ai vu
Aux nuages qui divaguent
La vague
Vague vague
Ton visage sage
Et j'ai perdu la tête
Tête-bèche
Bouche sèche et c'est moi qui divague
Vague
A l'âme vague à l'âme
Montant descendant
Suivant la ligne de vie de la vigne d'argent


J'ai gravé ton nom
Sur la pierre aux angles droits
Et deux dates
Et je sais que tu es là
Dans la troisième allée de droite
Angles droits et plus rien de vague
Le goèland d'argent
La ligne de vigne
Un nuage sur la plage
L'alouette est sage
Un nom
Gravé d'angles droits
Sans croix ...





Le 27 juillet 1982