jeudi 30 août 2007
PETITE HISTOIRE DE L'HUMANITÉ
Les orages se dissipaient
Nous commençions à distinguer la ligne d’horizon
Grand cercle bleu au bout des sables
Un chameau arriva
Il se mit à genoux
Nous lui avons mis le bât
Pour le charger de sel
Vint un cheval
Il se cabra et puis hennit longuement
Sa robe était luisante
Sa bouche écumait un peu
Nous l’avons asservi
Nous lui avons mis le mors et la selle
Nous lui avons fait sentir nos éperons
Alors ont commencé les carnages
razzias
Enlèvements dans les sérails
conquêtes
Folles aventures
Notre chant s’éleva
Ce fut un chant de guerre
Nous faisions taire les complaintes
Nous avons étouffé les psaumes
Notre chant de victoire
Notre chant n’avait pas de fin
Au fil des saisons il enfla
enfla
Puis nous avons inventé la roue
Nous avons inventé la voile
Plus loin
Nous allions toujours plus loin
Négociant
Pour aller chercher les fruits
Toujours plus loin pour quérir les gemmes
Et les métaux précieux
Nous avons eu des esclaves par milliers
Venant de tous les continents
Mâles et femelles
De toutes les couleurs
Creusant le sol
Portant nos charges
Nous fîmes plus grands carnages encore
Et notre chant enfla plus fort
Perfectionnant nos techniques
Nous inventâmes le moteur
Nous allions chercher les matériaux
Que nos machines broyaient
De hautes cheminées vomissaient
Dents d’acier
Engrenages implacables
Navires monstrueux
Avions gros porteurs
Nous avons domestiqué les énergies vives
Et les énergies fossiles
Nous avons mêlé le ciment et le fer
Nous avons élevé des tours
Nous avons lançé des ponts
Vidé des lacs et des mers
Nos guerres furent plus grandes et plus cruelles
Ce n’étaient plus des hommes
Qui tombaient par millions
Qui parlait d’hommes encore ?
Bientôt ils ne tombèrent même plus
Ils se désintégraient sous un grand coup de vent
Quelques uns seulement laissaient leur ombre sur le roc
Quand il restait un roc
Chantez chantez
Chant de marche
chant de gloire
de victoire
Nous étions debout partout
Sur les monts
Dans les vallées
Sur les océans
Au fond des abysses
Voyageant dans les airs
Au coeur de la terre
Et dans les espaces sidéraux
Puis les brouillards revinrent
Sulfureux
Suffocants
Les fleuves cessèrent de couler
Les neiges avaient fondu
Que deviendra le chant des hommes
Tambours clairons
Cristallophones
Musiques électroniques
O Sartre !
Pablo Picasso !
S’il n’y a plus d’espoir
Que reste-t-il hormis l’ivresse
et le sexe !
Notre présent et notre avenir ...
Le chameau revenu baraque et puis blatère
Encore un moment ...
Il bave
Le cheval est mort depuis longtemps
Avec les oiseaux et les poissons
5.08.07
ILS ÉTAIENT POURTANT DES HOMMES
On les a pris
Les gars
les gars
Les galériens
La main dans l'sac
La corde au cou
Les gars
Les rien-du-tout.
Les gars
les gars
Les galériens
La main dans l'sac
La corde au cou
Les gars
Les rien-du-tout.
lundi 27 août 2007
L'ARDEUR
Au revers de l'os frontal, si l'on ouvre mon crâne ...
Et ce sera dans neuf cent vingt trois ans peut-être
Ou bien neuf cent vingt quatre ...
Il se pourrait ...
Après tout pourquoi pas ?
Il se pourrait que cela se fït sur le carreau d'une paillasse
Dans un laboratoire laqué de blanc
Gravé au revers du frontal
Dans l'os à nu
Sec et jaune
Luisant un peu ...
Mais peut-être cela sera dans un champ
Au détour d'une haie
Mon crâne éclatant
Brisé sur une dalle par un rognon de silex abattu
D'un seul coup ...
Ou bien l'ergot luisant de quelque excavatrice ...
Au revers du frontal
A distance égale des deux orbites ...
Mais qui s'en étonnera ?
Gravé peut-être par la Dure Mère
A moins que ce ne fût par son fils ...
Je porte au front un sceau de courbes enlacées
Une empreinte maorie
Épigraphe sigillée brûlante plus que marque de manadier
Cause et signe de ma soif
Celui qui viendrait à la distinguer quelque jour
Et disons que de cela les chances sont minimes ...
Saurait-il l'ardeur de ma soif ?
Le 4.4.88 retouché le 22.3.92
Et ce sera dans neuf cent vingt trois ans peut-être
Ou bien neuf cent vingt quatre ...
Il se pourrait ...
Après tout pourquoi pas ?
Il se pourrait que cela se fït sur le carreau d'une paillasse
Dans un laboratoire laqué de blanc
Gravé au revers du frontal
Dans l'os à nu
Sec et jaune
Luisant un peu ...
Mais peut-être cela sera dans un champ
Au détour d'une haie
Mon crâne éclatant
Brisé sur une dalle par un rognon de silex abattu
D'un seul coup ...
Ou bien l'ergot luisant de quelque excavatrice ...
Au revers du frontal
A distance égale des deux orbites ...
Mais qui s'en étonnera ?
Gravé peut-être par la Dure Mère
A moins que ce ne fût par son fils ...
Je porte au front un sceau de courbes enlacées
Une empreinte maorie
Épigraphe sigillée brûlante plus que marque de manadier
Cause et signe de ma soif
Celui qui viendrait à la distinguer quelque jour
Et disons que de cela les chances sont minimes ...
Saurait-il l'ardeur de ma soif ?
Le 4.4.88 retouché le 22.3.92
ET QUI ME DIRA ?
Qui prendra la pierre
Qu'il me dise ...
J'ai aimé
Autant qu'on peut aimer
Le soleil en bourgeon
Le soleil déployé
Plissé déplissé
Soleil carillon
Éclaté
Pierre veinée
Micacée
Pierre polie
Le piège
Du soleil à midi
Les sables les sons les flots
Et puis un chat
Aux yeux de Méditerranée
De Mer de Chine et de Mer de Corail
Les ronflements du mascaret
Aux bouches du Nil
Reins souples de houle large
Les pizzicati
Des nids de gardénias
Et l'arc en ciel sur les eaux et dans les voiles
Dans les huiles sur la mare
Moirée
Les iris penchés
Prêts à papillonner
Et les cris aigus des martinets
La peau luisante frémissante
Du poulain dans le pré
Libre de fers et de cuirs
Fleurs
Fleurs de feu fleurs de soufre fleurs de cieux
Dans la course de mon rêve au bris des branches
Et flâner
Nager
Dans les paumes du courant
Ah ! Les voix et les chants !
Poignées d'abeilles lancées dans la lumière !
Le sage qu'il me dise ...
Qu'il me dise ...
J'ai aimé
Autant qu'on peut aimer
Le soleil en bourgeon
Le soleil déployé
Plissé déplissé
Soleil carillon
Éclaté
Pierre veinée
Micacée
Pierre polie
Le piège
Du soleil à midi
Les sables les sons les flots
Et puis un chat
Aux yeux de Méditerranée
De Mer de Chine et de Mer de Corail
Les ronflements du mascaret
Aux bouches du Nil
Reins souples de houle large
Les pizzicati
Des nids de gardénias
Et l'arc en ciel sur les eaux et dans les voiles
Dans les huiles sur la mare
Moirée
Les iris penchés
Prêts à papillonner
Et les cris aigus des martinets
La peau luisante frémissante
Du poulain dans le pré
Libre de fers et de cuirs
Fleurs
Fleurs de feu fleurs de soufre fleurs de cieux
Dans la course de mon rêve au bris des branches
Et flâner
Nager
Dans les paumes du courant
Ah ! Les voix et les chants !
Poignées d'abeilles lancées dans la lumière !
Le sage qu'il me dise ...
À LA SAINT JEAN D'ÉTÉ
Deux hérons tout à l'heure
À la Saint Jean d'été
Deux hérons ont crié
Entends crier mon coeur
À la Saint Jean d'été
Le soleil s'est noyé
Entends la clarinette
La barrique est percée
Écoute la cabrette
Les feux vont s'allumer
À la Saint jean d'été
Les défunts vont se lever
Les transis vont danser
À la Saint Jean d'été
Vivantes avec les morts
Vivants et trépassées
À la Saint Jean d'été
Les innocents devant
Les sages venant après
À la Saint Jean d'été
Toinon fut engrossée
Dansez les assassins
Et les assassinés
À la Saint Jean d'été
Gilberte avec Baptiste
Léon avec Manon
À la Saint Jean d'été
Que claquent les talons
Tout autour du bûcher
À la Saint Jean d'été
Que claquent les talons
Plus lourd sera le blé.
MEMENTO MORI
Je t'ai vue dans la vague
Vague forme de vague
Nue
Se forme et se déforme
Se transforme et se reforme
Vague image vague
Ton image voyage
Aux nuages
J'ai vu des signes dans les lignes
Des vignes d'argent
Et d'argent le goèland qui me suit depuis si longtemps
Montant descendant
Jonathan
Suivant les lignes des vignes vers les vagues
Sage visage vague
Et ce chien sur la plage mort depuis si longtemps
Le goéland d'argent
Vague vague
Bleu visage glauque
Et ce chant
Ce chant de chute de peur d'enfant
J'ai cherché dans les champs
Labourés hersés
Aux lignes des sillons
Aux chants des alouettes dans les chardons de juillet
Bleus et chauds
Dans les signes des champs
J'ai bien cru en perdre la tête
Tête-bèche
J'ai perdu la tête
Bouche sèche
Et la cloche qui pioche ...
Sonne la cloche
Fossoyeur de la fosse des heures
Fossoyeur creusant mon coeur
Parfums dans les champs
La chute de la cloche
Et ce chien sur la plage
Glauque bleue
D'argent le goèland sur les lignes des vignes
J'ai vu
Aux nuages qui divaguent
La vague
Vague vague
Ton visage sage
Et j'ai perdu la tête
Tête-bèche
Bouche sèche et c'est moi qui divague
Vague
A l'âme vague à l'âme
Montant descendant
Suivant la ligne de vie de la vigne d'argent
J'ai gravé ton nom
Sur la pierre aux angles droits
Et deux dates
Et je sais que tu es là
Dans la troisième allée de droite
Angles droits et plus rien de vague
Le goèland d'argent
La ligne de vigne
Un nuage sur la plage
L'alouette est sage
Un nom
Gravé d'angles droits
Sans croix ...
Le 27 juillet 1982
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